[Métisse Sombre Elfe] Ssapintra

Attention âme sensible:

Ussta nossta wun oloth

Je suis née des ténèbres, dans les ténèbres… Aussi loin que je me souvienne, mon géniteur m'a inculqué que ma naissance n’était pas désirée, contrairement à celle de mon demi-frère Tohlenyr qu’il avait eu avec sa femme. Ma mère, Inuline, l’esclave acheté par mon père s’était faite violer par ce dernier et malheureusement pour lui, elle avait caché ma naissance autant que possible. Lorsqu’il comprit qu’elle était enceinte, il tenta de nombreuses fois de me tuer à travers elle par divers procédés indirects, alcool, famine, violence psychologique. Mais j’avais visiblement trop envie de vivre pour mourir ainsi… Mon géniteur n’avait pas assez de courage pour tuer ma mère ou la frapper lorsqu’elle était enceinte, peut-être que sa foi lui offrait un peu de lucidité, que sais-je ? Ou sûrement se disait-il qu’il pourrait me revendre à bon prix ? Je ne sais pas ce qu’il avait en tête à ce moment-là mais… Il nous laisse en vie ma mère et moi…

Ma mère me racontait quand j’étais petite que malgré la situation précaire de l’accouchement, elle était très heureuse de me donner naissance… Pour elle je cite “Tu fus mon seul vrai bonheur” depuis qu’on l’avait capturée et vendue à père…

Tlu ssin'urn lu'zu'tour phor


Les années passèrent et lorsque j'eus 150 ans ma mère m’offrit en guise de cadeaux ses seuls bijoux. Ceux qui lui rappelaient sa terre natale : le village elfique et l’arbre mère. L’arbre de vie dont elle me parlait tant… Je les chéris encore aujourd’hui… Ma mère était tout pour moi… Elle était mon pilier, mon repère, elle m’apprenait à lire, à écrire…C’était mon bonheur… On rêvait souvent toutes les deux d’aller danser près de l’arbre mère dont elle me parlait toujours.

Comme tous les jours, père ne m'adressait pas la parole ni un regard, je ne pouvais manger à la même table qu'eux, je mangeais avec ma mère bien après. Mais ce jour-là je vis le regard de mon père qui changea sur moi…Il devint plus intéressé, me dévisageait et je ne savais pas pourquoi il m’effrayait encore plus que d’habitude… Alors qu’il finissait son repas avec Tohlenyr, il m'appela. Je m'empresse de venir à table pour débarrasser comme tous les jours et pour la première fois il me dit:

-C’est que tu as bien grandi ma petite Ssa…C’est ton anniversaire aujourd’hui n’est-ce pas ?

Je le fixais comme essayant de deviner ses intentions, mais impossible de tout cerner. Je me contentais de répondre d’un ton morne :

-Oui Monsieur.

-Allons allons, aujourd’hui est un jour exceptionnel… Tu as bien grandi, tu peux m'appeler père juste aujourd’hui.

Alors qu’il esquissait un large sourire carnassier, je commençais à stresser, tout autant que ma mère qui observait la scène non loin de moi.

-Que dirais-tu de recevoir un cadeau aujourd’hui Ssa ?

Ma mère s’interposa entre lui et moi et je pu voir la peur dans ses yeux, elle s’agenouilla devant lui et l’implora d’un ton tremblant :

-Je t’en supplie… Laisse la tranquille…

Mon père lui rit au nez et me fixa encore :

-Allons, je ne veux que lui faire un cadeau… Calme-toi…

Il posa sa lourde main sur son épaule tandis que ma mère tremblait. Je ne pus m’empêcher de me mettre entre elle et lui, soutenant son regard.

-Je veux bien un cadeau père.

-Que veux-tu ma petite Ssa ?

-Je souhaite deux journées entières avec mère… Pour sortir toutes les deux.

Je vis son regard devenir presque noir et il dit tout en regardant mon demi-frère, plus âgé que moi, le sourire aux lèvres.

-Bien… Dans ce cas-là…Rends-toi sous l’arbre courbé noir à la sortie du village ce soir, et fais-toi belle. Tu devras me rendre service pour montrer à quel point tu désires ce cadeau.

Ma mère tremblait encore plus, tandis que je me contentais de hocher doucement. Ma mère me prit immédiatement par le bras pour m'emmener dans ce qui nous servait de chambre et elle m’expliqua, toute tremblotante, que je ne devais pas y aller, qu'il ne nous laisserait jamais sortir… Ce genre de choses. Mais… Je ne voulais pas l’écouter. La seule chose qu’elle fît ce jour-là, c'est m’aider à me préparer et à me faire belle…Sauf qu’elle fît l’inverse. Je ne savais pas pourquoi elle prit des guenilles déchirées et sales pour m’habiller et me couvrait le visage et le corps de terre.

-Mère, pourquoi me fais-tu ça ?

Je vis son regard vide et froid, des larmes coulants, elle n’osait pas me regarder et se contenter de me murmurer :

-Ssapintra… Ma fille… Laisse tomber cette idée de cadeau…J’ai peur de ce qu’il peut te faire…

-Ne t’inquiète pas mère... Je lui rends service donc ça l'arrange, ne t’en fais pas. Et puis on ira voir l’arbre mère toi et moi !

Devant mon enthousiasme elle ne dit plus rien et se contenta de me coiffer avec une pique en métal plutôt bien taillée.

-Si tu es en danger… Sers-t’en.





Le soir venu, je me rendis comme prévu à la sortie de la ville. Ce soir, il y avait une drôle de tente dressée en retrait du chemin principal, un peu plus perdu dans la forêt. Mon demi-frère m’attendait près du chemin, il me demanda de le suivre jusqu’à la tente où j'entrai sans discuter. Il referma derrière moi après être rentré lui aussi. Là, mon père était assis sur un tabouret comptant des adenas dans un coffre, tandis que d’autres hommes étaient là. Pas uniquement des sombres d’ailleurs…Ils étaient 6…Mon père et mon frère compris…Le regard aussi sombre et effrayant qu’un monstre guettant sa proie dans l’ombre... Mon coeur palpitait de peur et mon père me dis:

-Ssa tu vois j’ai des invités qui ont payé cher pour te voir ce soir… Ne les déçoit pas s’il te plait.

Tandis qu’il continuait à compter ses pièces, Tohlenyr m’immobilisa par-derrière et m’attacha les mains et les pieds avec une corde avec l’aide d’un des invités. Je me débattais de toutes mes forces mais rien n’y faisait, j’étais à moitié transit de peur, mon corps ne répondait pas beaucoup à mes implorations internes… Je ne savais plus qui implorer… Shilen… Eva… Einashad… Kain? Moi qui n’avais pas eu toutes les bases et l’éducation religieuse… J’avais beau réfléchir, personne ne me viendrait en aide…Mon père ajouta :

-Allons, ne te débat pas et distrais-les comme il faut sinon c’est ta mère qui devra le faire.

À ces mots, mon corps cessa de se débattre. Mon demi-frère desserra alors les cordes pour que les invités puissent jouer avec moi…Mon corps frêle perdit le peu d’énergie qu’il avait et je sentis en moi la rancœur et la haine se propager comme un virus… Ces silhouettes répugnantes posaient leurs mains lourdes et sales sur mon petit corps qui se raidit de peur et de dégoût. On me fait mettre à genoux, sur le regard perfide de mon géniteur qui semble se délecter du spectacle. Je sens que des mains sales glissent sur mon corps, même dans les endroits les plus inconnus pour moi… Je fixe mon père dans les yeux… Ça lui ferait trop plaisir que je baisse le regard… Il sourit grassement et rit en disant à ses invités :

-Vous pouvez faire ce que vous voulez d’elle mais… Gardez sa virginité intacte sinon je ne pourrais plus la revendre…

Ca fait maintenant 2h que je suis là et au fur et à mesure que les heures passent…Je sens des choses gluantes glisser sur mon corps et dans ma bouche, je ne sais pas si ce sont des langues, quelque chose de liquide ou autre… J’ai arrêté de chercher à savoir dès la première seconde où les silhouettes masculines se sont retrouvées nues. C’est comme si mon esprit désirait occulter tout ça… Je savais simplement que la langue immonde qui me donnait le plus la gerbe actuellement était celle de mon demi-frère qui déambulait entre mon oreille, mon cou. Mon corps mourant de l’intérieur finit par avoir des réflexes vomitifs et je ne pu m’empêcher de vomir à leurs pieds. Certains se calmèrent le temps de se nettoyer les jambes mais d’autres ne furent pas découragés et continuèrent le reste de la nuit…Je continuais à fixer avec mépris et dégout mon géniteur tandis qu’un homme tenta de mettre entre mes lèvres ce qui lui servait de virilité puante…La rage bouillait tellement en moi que je ne pu retenir la bête en moi qui me hurlait de me battre… Je mordis d’un coup sec ce qui se présentait à moi avant de cracher un morceau au sol, la bouche dégoulinante du sang de ce porc, me léchant les lèvres tout en fixant cet enfoiré qui me servait de père. Tandis que son invité hurlait, il se déplaça de quelques pas pour venir m’assener un immense coup de poing qui me mit à terre. À moitié assommé, pendant que les autres continuaient à me souiller, je ne pus entendre que sa voix en rogne qui demandait aux autres de faire un soin magique. L’un d’eux s'exécuta, mais le nouvel eunuque ne voulait pas que je reste impuni… Il demanda alors à mon père s'il pouvait me mutiler…

-Fais ce que tu veux pour te satisfaire, mais laissez-la vierge, elle vaudra plus cher à déflorer cette catin.

L’autre enfoiré répondu :

-Bien, tenez là bien ! Je vais te marquer à vie ma jolie pour te faire regretter ce qu’a fait cette petite bouche… Héhé…

Mon corps et mon âme, tous deux à moitié morts, attendaient patiemment son châtiment tandis qu’on commença à me maintenir au sol sans que je puisse voir ce qu’il m'arrivait…Alors que je sombrais de plus en plus dans les ténèbres, je sentis une lame aiguisée découper d’un geste vif un bout de mon oreille droite… Le sang commençait à dégouliner, un autre qui était mage de feu me cautérisa la plaie, mon corps était en sueur et j’étais à deux doigts de perdre connaissance. Je n’avais même pas eu le temps de hurler que le morceau d’oreille gisait sous mes yeux, je vomis une fois de plus au bord de m’évanouir…Lorsqu’il trancha une nouvelle fois un tout petit bout, je hurlais de toutes mes forces avant de m’évanouir…

Le lendemain matin, lorsque j’ouvris les yeux, la première chose qui me choqua était que j’étais encore vivante ? Mon corps dégoulinant de foutre et de sueur tremblait encore et était recouvert de blessures, j’aurais pensé m'affoler en me voyant ainsi mais… Mon cœur avait repris son rythme habituel, comme s'il avait décidé que rien ne s’était passé. Autour de moi se trouvait un grand vide, sauf mon demi-frère qui était là, la tête entre ses mains. Visiblement je n’avais pas été la seule à gerber… Je le regardais un moment avant que cet insecte se mette à m’adresser la parole:


-Pardonne-moi Ssa… Je …Je ne savais pas qu’ils allaient faire tout ça… Père m'avait simplement promis que…Je pourrais te toucher…

En voyant ce déchet avoir des remords, je ne pus m’empêcher d’avoir un fou rire… C'était nerveux, mais après tout ce que je venais de subir, l'enfant en moi est morte ce jour-là…Je le regardais un moment avant de me relever, encore nue et souillée, je n'en avais plus rien à faire… La douleur au niveau de mes oreilles me rappelle à quel point la nuit a été rude et oh combien les suivantes vont l’être. Je ramasse mes vêtements et me dirige vers la rivière la plus proche pour me nettoyer…

Lorsque je suis rentré ce jour-là, je trouvais ma mère assommée, la bouche en sang et attachée, cet enfoiré l’avait retenue prisonnière toute la nuit par un de ses amis. Je la libère et la soigne. Lorsqu’elle se réveille, en panique, elle fond en larmes en voyant mon état et surtout mes nouvelles oreilles… Ce jour-là marque ma vie à tout jamais… Et père ne nous a jamais autorisé à sortir…

Les années qui suivent, je maigris à vue d’œil et même si je développe des aptitudes particulières pour le crochetage, la fourberie, je ne suis toujours pas capable de me servir de ma magie…Je ne sais toujours pas quel est mon élément d’ailleurs… Tous les soirs, mon géniteur me souille avec mon demi-frère et j’ai pris l’habitude…Il ne cesse de me répéter que je suis une abomination qui n’aurait jamais dû voir le jour, je laisse couler car de toute façon lorsqu’ils me souillent, j’ai l’impression de ne plus être là, mon esprit vagabonde en imaginant l’arbre mère… Parfois, il se vogue à imaginer Shilen… Mais je n’ai aucun repère si ce n’est ma mère. C’est justement pour qu’ils la laissent tranquille la nuit que je me sacrifie… De toute façon je ne suis rien… Je ne vaux rien… Si ce n’est qu’un peu de plaisir à leurs yeux… J’attends simplement que la mort vienne me cueillir un doux matin lorsque je ne pourrai plus la protéger… Qu’ils me souillent… Qu’ils me détruisent… Mais qu’ils la laissent en paix…



Les années passèrent et je tentais d’apprendre la magie à travers des livres volés par-ci par-là, mais aussi ma mère qui était une magicienne hors pair m’aidait à canaliser l’ether en moi. Elle avait la technique mais…Cet enfoiré qui me servait de père avait pris grand soin de lui mettre une entrave anti-magie aux pieds pour qu’elle ne puisse s’en servir contre lui et s’échapper. Ce sont des entraves sous forme d’un seul bracelet magique…Donc seul le maître peut décider de les enlever.

Dorn dro wun dos, ussta dalharil…

Un jour comme les autres, quelques années plus tard… Mes cernes ne cessent de s'accroître en même temps que mes inquiétudes et mes angoisses… Oh s’il te plait… Mort, viens à moi… Je n’en peux plus… Voilà des années que je les vois et les sens me souiller jusqu’au plus profond de mon âme… Et mes oreilles sont toujours aussi courtes… Qu’importent les Dieu, même Shilen ne venait pas à mon secours… J’étais seule avec maman dans cette vie atroce. Puis une nuit, alors que je dormais dans notre amas de paille à maman et moi au sous-sol, du bruit me réveilla. Mes paupières entrouvertes s’ouvrirent totalement et j’entendis des voix masculines s’échauffer entre eux et mon géniteur :

-Alors, on a dit combien pour l’engrosser déjà cette peau pâle ?
-Hmm, on a dit 600 adenas par personnes.

J’entends alors des bourses tomber lourdement au sol l’une après l’autre, je me lève en sursaut, prenant le manche à balais, seule arme à ma disposition. Je cherche du regard ma mère absente et je comprends que la peau pâle dont ils parlent, c'est elle. Je me précipite pour ouvrir la trappe du sous-sol, mais ces bâtards semblent m’avoir enfermée. Je m’agite et cogne avec tout ce qui me passe sous la main sur cette foutue serrure.

-Du calme le déchet, laisse-nous faire affaire tranquille ! Dit mon père.

Tandis que je hurlais de toutes mes forces de rage en donnant des coups sur la trappe qui ne semblait pas céder, la douce voix de ma mère qui tremblait me dit :

-Ca va aller ma Ssapintra…Ca va aller.. Rendors-toi mon enfant…

J’entendis le bruit d’un poing qui claqua contre quelque chose, puis le bruit d’un corps tombant à terre, ma mère toussant. Mon père beuglant :

-Silence !




Alors que je m’acharnais sur la trappe, elle finit par se fissurer pour ne laisser place qu’à un trou bien trop petit pour passer, mais juste pour me faire voir une scène macabre : ma mère au sol, le visage tuméfié face à moi, dégoulinant de larmes et apeurée, les mains attachées solidement dans le dos. Je l’entendais implorer de l’aide à voix basse tandis qu’à tour de rôle les Hommes qui avaient payé pour ça la violèrent sans retenue sous mes yeux avec violence, parfois certains, trop pressé, n’attendaient pas leur tour ou la frappait pour patienter. Je bouillonnais de rage et les envies meurtrières s’accumulaient en moi en même temps qu’une nouvelle énergie, quelque chose sembla comme “sauter” ou “vriller” en moi. Alors que ma mère était presque à bout de souffle, une violence invisible se déchaina de mon côté pour exploser la trappe en mille morceaux. Lorsque je monte à l’étage du crime, je vois une quinzaine d’hommes défroqués autour de ma mère, mon père assis sur un tabouret en bois avec une malle, en train de compter ses adenas. Quant à mon demi-frère, il paraît un peu trop réceptif à certaines choses et parais trop peureux pour rester et s’enfuit en courant. Je ne cherche pas trop à comprendre et profite de toute cette nouvelle énergie en moi pour la propulser sur ces enfoirés avec une envie meurtrière… Quelque chose d’invisible parais leur trancher la gorge en une fraction de seconde, tandis qu’un immense courant d’air né dans la pièce. Lorsque tous tombent au sol, y compris mon géniteur, je me précipite vers ma mère, m’agenouille et la couvre avant de la serrer contre moi. Elle s’efforce de me sourire et me murmure :

-Enfin… Tu as révélé tes pouvoirs… Je suis si heureuse… Tu es si merveilleuse ma fille…

Une gerbe de sang sort d’entre ses lèvres, elle semble à bout de forces, la malnutrition du quotidien, son moral, le viol collectif, les coups répétés et les plaies sur son corps me l’enlèvent en quelques secondes. Les larmes coulent le long de mes joues et même si la rage bouillonne en moi, je n’ai plus personne sur qui me venger… Tous sauf mon froussard de demi-frère sont morts…À la place, un vide dans le cœur et l’odeur de sang et de foutre mélangé que je connais si bien qui monte à mon nez…

Que voulait-elle dire ? Était-elle au courant pour mes pouvoirs ? Après tout une mère sait… Mais au vu de la situation, je n'avais plus le luxe de me poser la question... Ma conscience revint lentement et les odeurs me font vomir au sol, je tremble, je sens que je m'affaiblis... Moi qui n'avait jamais déployé de magie je viens d'assassiner trop de monde...Et qui me croirait innocente ? Personne... Je m'enfuis donc à toute vitesse en prenant soin de récupérer les bijoux de ma mère en souvenir avant de m'évanouir d'épuisement dans la forêt à l'extérieur du village sombre... Quand j'ouvris les yeux, un profond vide se fit sentir dans mon cœur avec seule compagnie la colère et la haine... Je commençais donc à survivre, seule dans la forêt et n'allait qu'au village sombre lorsque je n'avais pas le choix.

Et je danse…

Ma vie de métisse submergée continue, remplit de solitude… Je grandis en rasant les murs et en ne parlant à personne…D’ailleurs j’ai oublié comment on fait. Puis un jour, une silhouette qui semblait perdue, cherchait quelque chose en plein milieu de Gludio. Je l’observe de loin et je finis par m’avancer pour voir ce qu’il cherche. Un forgeron visiblement, je lui indique l’endroit puis nous commençons à ma grande surprise à bavarder. Les jours à ses côtés me paraissent plus doux et la vie commence à prendre une autre signification à ses côtés, moi le déchet était-il en train de m’accepter ? Je lui donne un nom, lui qui n’était que des chiffres devint une personne à part entière… Pour la première fois de ma vie, je me sentais aimée d’une nouvelle façon et ma peur du contact physique partait petit à petit. Ma vie s’est mise à tourner autour de lui, puis les mois passèrent…On grandissait et on découvrait la vie ensemble, de merveilleux souvenirs à ses côtés… Il me montra la voie de la lumière et Einhasad me prend sous son aile, comme lui m’ouvrait les siennes que j’aimais tant. Elle pansa mes plaies et m’apprit à soigner mon prochain. Ce fût une époque paisible pour moi, je me suis même mise à apprendre de nouvelles langues… Nous n’aurions jamais dû nous marier, même si ce fût un évènement que j’attendais tellement. Avec le recul, j’ai l’impression que c’est à partir de là que nous nous sommes éloignés l’un de l’autre… Et pourtant notre enfant grandissait en moi… Et au fur et à mesure qu’il grandissait à l’intérieur de moi, le fossé se créait entre nous… Mes merveilleux moments… Mes merveilleux souvenirs…Se froissaient jour après jour… Malgré ça, l’amour que je lui portai était si fort que je n’avais jamais songé en aimer un autre…

Je me suis fourvoyé…

Puis la vie…


Nous qui malgré nous être unis sous le regard d’Einhasad étions en train de s’éloigner l’un de l’autre petit à petit… Ignorons tout de ce qui allait se passer. Un jour, un sombre arriva à Giran et se fît interpellé par quelques gars peu recommandables dès son arrivée. Le ton monta et je ne sais pas pourquoi je me suis interposée. J’ai calmé le jeu comme j’ai pu "avec mon joli minois" et j’ai invité le sombre pour discuter un peu avec lui, m’excuser pour ce qu’avait provoqué sa venue et lui expliquer un peu pourquoi on était tous sur les nerfs. À cette époque, quelques évènements, des morts, on suffit à plonger la population dans une angoisse et une surprotection permanente. Il s’appelait Erik et en lui, sous ses ténèbres et son chaos intérieur régnait des rêves heureux et une envie de faire le bien. Je lui parlais donc d’Einhasad et les jours qui passaient devinrent un peu plus joyeux pour moi qui avais mes problèmes de couple. Au début, je culpabilisais seulement de passer des moments joyeux intéressants avec lui, puis je me sentis coupable d’avoir besoin de sa présence, puis d’avoir mon cœur pansé par ses paroles et ses actes. Je savais que j’étais une abominable pécheresse mais… Lorsque le cœur prend les commandes, vous ne pouvez faire grand-chose… Vous essayez d’ignorer, puis de passer au-dessus et enfin, vous finissez par vous accommoder, mais ça ne fonctionne pas comme ça… Je me sentais incapable de prendre une décision et de faire souffrir l’un ou l’autre…J’ai simplement fini par tout avouer… Et mon mari… Était prêt à faire des efforts… Mais… Tout cela n’avait que trop duré… Cela faisait des mois que nous nous étions éloignés l’un de l’autre… Et malgrè toute sa compréhension, à chaque fois que je le voyais…Je ne pouvais pas me séparer de toute la souffrance que je lui infligeais à lui ni à Erik… C’est ainsi que commença la pire période de ma vie d’adulte…



Adieu la lumière...

A force se confronter tous les trois au problème…J’ai pris l’ultime décision de me séparer de mon mari… Après des semaines de vive douleur pour nous trois… Ça ne pouvait plus durer… Même Erik n’en pouvait plus… Ce fût la décision la plus dure de toute ma vie et avec le plus d’impact… Même si nous nous séparions, je voulais donner naissance à notre enfant…Il n’était même pas question du contraire pour moi… La vie a fait que des choses se sont passées, mais abandonner l’enfant, il n’en a jamais été question. Je le désirais plus que tout… Après tout, il avait été conçu dans l’amour.

Mais alors que je demandais pardon chaque jour et me repentais auprès d’Einhasad depuis des semaines…Le stress, les larmes, les ténèbres ont eu raison de moi... Je finis par me retrouver privé petit à petit de mes pouvoirs, mais surtout… Un vide se créa dans mon ventre…Mon enfant mourut au sein même de mon ventre... Est-ce que j’avais vraiment mérité tout ça ? Moi qui ai toujours aidé les faibles, moi qui ai répandu des paroles de lumière... Avais-je réellement mérité tout cela ? Les Dieu sont-ils tous aussi vaniteux et égoïstes au point de fermer les yeux sur ma douleur ? Alors que je voyais mon ex-mari dépérir à vue d’œil et changer jour après jour à cause de moi… Erik se battait pour que je ne sombre pas, je m’enfonçais peu à peu dans les ténèbres d’avoir fait tant souffrir et d’avoir tout perdu… Tout ? Heureusement qu’il était là… Mon imperturbable rayon de soleil, celui qui chasse la nuit au matin, même si je ne le méritais pas…Il était là, toujours comme depuis le début, vaillant, courageux et aimant. Le voir me sourire me rappelait les souhaits que nous avions ensemble, c’est ce qui m’as permis peu à peu de remonter à la surface… Son cœur avait beau renfermer des ténèbres, il était ma lumière, mon soleil… Avec les mois qui on suivit grâce à lui, j'ai su me relever peu à peu…

Un fleuve plus ou moins tranquille
Les mois et ont passé, nous avons changé et évolué tous les deux malgré notre passé enfoui tout au fond de nous. Nous avons vécu des choses terribles, mais aussi des moments heureux. Après avoir vécu des années à Gludio, nous avons rencontré une petite sombre qui était seule et abandonnée : Neige. Elle ne parlait pas, mais elle était intelligente et adorable. Nous nous sommes liés d’amitié avec elle et rapidement, nous l’avons adopté et lui avons construit une place chez nous dans notre foyer. Nous étions heureux ainsi mais… Elle finit par décider de voler de ses propres ailes… Nous l’avons aimé de tout notre cœur.

Les mois ont encore passé et malgré tout nous avons fini par décider de nous installer à Ye Sagira, même si je ne croyais en rien les projets qu’on avait en tête seraient plus viables et efficaces à cet endroit. Une petite maison qu’on a bien retapée Erik et moi. On y vivait tranquille, lui était encore à cette époque Soldat du temple d’Einhasad et moi… Après m’être perdue en chemin chez Gran Kain, je ne croyais plus en rien à part notre famille aussi petite soit-elle. D’ailleurs, elle allait s’agrandir…Je venais d’apprendre que j’étais enceinte. Ce fût un immense bonheur pour Erik et moi. Même si j’avais des angoisses de future maman par rapport à ce qui s’était déjà produit, j’étais vraiment heureuse. Le hasard de la vie fait qu'Erik prit connaissance de l’existence de sa petite sœur, Harken, quelques jours plus tard. Elle était plus jeune que lui et était visiblement heureuse de le retrouver et l’a même remercié d’avoir tué ses parents. Elle logea alors chez nous un bon moment, quelques mois tout au plus. Notre quotidien était peut-être tranquille et banal, mais nous aimions ça. Après tout ce que nous avions vécu lui et moi, c'était relaxant pour nous. Et en plus je m’entendais très bien avec Harken, très heureuse de pouvoir avoir un membre de la famille en plus avec nous, je lui ai demandé si elle voulait être la marraine de notre enfant. Puis il faut dire qu’elle était mignonne et qu’elle me suivait partout où j’allais. Mais en réalité, elle cachait son jeu pour mieux m’approcher… Nous avons appris que bien trop tard qu’elle était une shileniste extrémiste et qu’elle voulait m’offrir en sacrifice… Moi, la métisse souillée qui allait donner naissance à une métisse… Elle a tenté de me tuer en me plantant une dague dans le ventre…Je ne l’ai pas vu venir, car je lui faisais confiance. Mais alors que je la regardais avec haine et la peur de perdre mon bébé, pendant que sa dague me perforait les organes, mes larmes coulaient et je ne pus m’empêcher de lui dire que j’étais désolée de n’avoir pu l’aider à combattre ses ténèbres. Je tentais désespérément de me soigner et soigner le bébé pendant qu’elle remuait sa fichue dague en moi, mais la dague était spéciale et absorbait les forces magiques que je déployais. Heureusement, Erik rentra plus tôt que prévu ce jour-là et se rua sur elle pour la tuer lorsqu’il vit la scène… Il garda son sang-froid malgré tout pour me sauver en m’emmenant directement au temple en urgence, mais… Même si j’ai survécu… Il était trop tard pour notre enfant… C’est ainsi qu'Icare rejoint Luciole… Et qu’au même moment Erik cessa de croire en Einhasad…

La vie reprit son cours et Erik se plongeât dans l’apprentissage de la forge et la chasse  pour oublier et tenter d’avoir une vie tranquille tandis que moi, je persévérais à apprendre encore et encore la magie pour me perfectionner et repris l'apprentissage de diverses langues. Ayant eu la chance d’hériter du talent de ma mère pour la musique et le chant j’utilisais ça en plus de réaliser des quêtes pour la ville pour ramener un peu d’argent. Nous avions une vie simple, mais nous l’aimions… Jusqu’au jour ou le chaos s’abattit sur le continent, le jour ou Ye Sagira devint le dernier bastion de survivants contre les Divisions… Le jour où nous avons vu des barrières lumineuses s’ériger sur la ville… Ce jour-là Ye Sagira fût envahi de blessés et de survivants, j’ai aidé comme j’ai pu avec mes maigres compétences en médecine qui me restait de l’époque pour les premiers soins, mais j’ai surtout aidé au transport des blessés vers le temple. Erik aida à l’organisation et pour diriger les gens qui arrivaient…C’est ainsi que Ye’Sagira devint Trinity et que nous avons dû nous adapter pour survivre…


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