[En Validation] Valka Umli-RogFer

J’suis née et j’ai vécu à Kazadwir, le village nain ! Aussi loin que j’me souvienne, il y faisait bon vivre avec papa et maman mais… J’étais trop maladroite pour que mon père daigne me porter attention. Les seules fois où il le faisait, c'était pour me réprimander. Même maman n'aimait pas quand il défaisait sa ceinture pour me punir à chaque bêtise. Mais bon je n’étais qu’une enfant, une enfant maladroite en plus… Ça arrivait souvent qu’en aidant maman à la cuisine je fasse tomber les plats ou casse la vaisselle. Maman me regardait avec bienveillance et compassion mais… Mon père jurait et tapait du poing sur la table. Lorsque je cassais des trucs de valeur, il sortait son éternelle ceinture en cuir…Et c’était la même chose à chaque fois… Au début, je courais dans la maison et il finissait par me rattraper. C’était bien pire que si j’me laissais faire, donc j’ai fini par abandonner l’idée de le faire courir. La journée, quand papa allait travailler à la forge, je me sentais libre et en profitais pour découvrir la nature et les environs. C’est ainsi que je fit la connaissance de Qhirhi. Ce nouveau-né dans la ferme voisine avait été abandonné par sa mère, car il semblait plus faible que la normale. Mais alors que je le vis ainsi abandonné et détesté par ses propriétaires qui se demandaient ce qu’ils allaient bien pouvoir en faire étant donné qu’il n’y avait pas assez de viande sur ses os ni assez de forces pour aider à la ferme…Ils me regardèrent en train d’espionner la scène, planqué à moitié derrière une barrière en bois.

-Qu’est-ce qu’il y a petite ? Tu veux notre photo ?

Le nain bourru soupira, exaspéré en regardant toujours le nouveau-né. J’étais assez renfermée et inquiète, mais je pris mon courage à deux mains…

-Je…euh… Je …J’habite las bas pas loin et je… Enfin si vous n’en voulez pas… Je peux le prendre ?

Le nain éclata de rire sous le regard de sa femme blasée, qui se retourna pour rentrer chez eux. Le nain me fixa d’un air avare et me dit :

-Si tu l’veux vraiment gamine va falloir l’acheter ce veau… Tout se paie dans la vie.

Je sentis mon cœur se serrer, mais je voyais le veau affaiblit, tremblant de peur et épuisé, je n’étais même pas sûre qu’il survive…

-Je…Je… Je vous l’achète ! Enfin…Je vais vous l’acheter… Laissez-moi quelques jours s’il vous plait…Je ramènerai de l’argent.

Le nain sourit en coin et hocha, convaincu d’avoir fait une affaire en revendant son malheur inutile :

-Bien après tout, je peux bien patienter quelques jours et le nourrir un peu…

Je le remercie puis je fonce chez moi pour sortir toutes mes économies d’enfant cachées sous le lit sous une planche. Quelques piécettes de cuivre, des boutons, de petites pierres que je trouvais jolies. Voilà toute ma richesse réunit. Devant ce constat lamentable, je sentis mon cœur se briser en pensant au petit veau… Ça ne serait jamais assez… Il fallait que je trouve une solution…

Le monsieur à la barbe ...

Puis un beau matin, alors que mes parents dormaient encore, j’entrepris une mission périeuse : voler dans le coffre familial des pièces d’or. Je savais que père cachait la clef sous une planche de la chambre, car je l’avais vu faire de nombreuses fois. Il ne me fallut ni une ni deux pour voler la clé et ouvrir le coffre qui était rempli d’une poudre noirâtre un peu partout sur l’extérieur en bois, mais une fois mon butin prit, je ne me souciais pas du reste. Je referme le coffre, planque à nouveau la clé à sa place habituelle puis m’en vais à l’extérieur, les mains pleines de suie. J’attends fermement que le jour se lève près des barrières en bois, observant le petit veau endormi. Le soleil se lève enfin et le nain bourru daigne enfin sortir dans son champ. L’échange fût rapide, je lui lançai la bourse tandis qu’il me lança la boucle d’une corde attachée au cou de l’animal qui tenait sur ses pattes fébriles. L’animal semblait être effrayé et tremblait de tout son corps, mais je ne pus m’empêcher de le serrer doucement contre moi pour le rassurer. Il faut dire que vu ma taille d’enfant il était quand même un peu plus grand que moi, j’étais pendu à son cou, mais il ne cessa de me renifler de ses naseaux comme s'il s’assurait que j’étais une bonne personne. Je commençais à prendre le chemin de la maison lentement, mais sûrement, lorsque soudain un monsieur barbu posa son regard en souriant sur moi. Mais…Hmm je le connais je crois… Il vient souvent à la maison voir mon père, mais comme je suis souvent puni, je n’ai pas le loisir de le connaître plus que ça. Lui en revanche m’a reconnu immédiatement et s’approche rapidement.

-Alors Valka ça va ? Qu’est-ce que tu fais avec ce veau, tu comptes le ramener chez toi ?

Je ne réponds pas, mais fond en larmes instantanément… Comment n’avais-je pas pu y penser ? Comment pourrais-je le ramener chez moi ? Que dirait mon père ? Dans la famille, on n'est pas agriculteur, on est artisan ou cuisinière…Je n’avais aucune raison valable de ramener ce petit veau chez moi…

-Hé euh Valka ! Je…J’ai dit quoi ? Calme-toi ! Explique-moi !

Les larmes envahissent mes joues et je serre fort Qhirhi en pleurnichant :

-Maman a raison, je suis tête en l’air et maladroite ! Je l’ai payé pour le ramener, mais mais… Mais je n’ai nulle part où le ramener… Papa va me… Je…Je…Je ne sais pas quoi faire, il va mourir sans moi…Il…Il est faible…. Il… Ouiiiiinnnn

Le monsieur à la barbe tapota doucement ma tête et me fît un large sourire rassurant :

-Allons, allons, il y a toujours une solution…J’ai de la place chez moi si tu veux. Suis-moi, on va le mettre en sécurité puis je te ramènerai auprès de ton père. Ça te va ?

Mes larmes ne cessaient de couler et moi naïve et surtout tête en l’air, je n’avais aucune autre meilleure solution. Il m’emmena chez lui et prit soin de mettre le veau dans un abri clôturé avec du foin et de l’eau. Je fus soulagé de le voir ainsi et mes larmes cessèrent enfin.

-Dis…J’pourrais venir souvent hein ?

Il me regarda avec bienveillance :

-T’es même obligée de venir le voir hein moi j’fais que l’héberger toi, tu viendras t’en occuper gamine !

J’étais si heureuse, pour la première fois de ma vie quelqu’un était si gentil avec moi…

-Allons voir ton père.

Il me ramena à la maison à ses côtés. Mon père ouvrit la porte et semblait être en rogne avant de s’adoucir en voyant le nain :

-Ah tiens Barenkar ! Ca fait un moment que tu n'es pas v’nus !

-Et oui mon frère, j’suis venu prendre un peu des nouvelles, tu sais comme la famille, c'est important.

Ils discutèrent quelques instants avant que mon père commence à gonfler les joues, rouge de colère en me fixant. Je me cachais assez mal derrière le nain et ma petite main tremblait en s’agrippant timidement à sa jambe.

-VALKA ! Tu n’as rien à me dire ??

Il était fou de rage et m’engueulait comme pas possible en m’accusant d’avoir volé dans le coffre des pièces d’or… Et pour cause, des empreintes d’enfants avaient été laissées dans la suie un peu partout dans le coffre. Je me faisais encore plus petite que ma taille, les larmes au bord des yeux et n’osa même pas répondre, sous le regard de ma mère qui semblait stressée. Barenkar tourna le visage vers moi d’un air interrogatif et lorsqu’il vit la peur dans mes yeux, il regarda mon père en souriant d’un air gêné :

-Ah…Ça ? C’est ma faute, excuse-moi… J’avais besoin d’acheter quelque chose, mais j’ai oublié ma bourse chez moi… Heureusement que je suis tombée sur ma nièce, elle a cru bien faire en me rapportant un peu d’argent.

Mon père le fusille du regard et ne le croit absolument pas. En même temps… Il essayait de défendre l’indéfendable, j’avais encore les mains pleines de suie… Mon père m’arracha à lui en me tirant sèchement par le bras, en le fixant d’un air mauvais :

Tu es mon frère, mais ne te mêle pas de ça… C'est MA famille. Sors. On se verra plus tard pour les joyeusetés, j’ai des choses à régler là tout de suite. Sans trop comprendre ce qui allait se dérouler, Barenkar recula sur le pas de la porte et mon père lui claqua la porte au nez. Après tout, je ne pouvais rien attendre de plus… Il en avait déjà fait plus pour moi aujourd’hui que mon propre père en 10 ans de ma vie… Je tremblais de peur, car ce coup-ci, il avait l’air plus en colère que d’habitude… Il commença à défaire sa ceinture comme à son habitude, après tout j’allais pouvoir supporter… Comme à chaque fois… Je plaquais mes mains contre le mur de la maison tandis que ma mère pleurait

-S’il te plait chéri… Ce n’est qu’une enfant, elle…

-TOI tu la ferme !

Je me dévêtis, comme d’habitude et il commença à me frapper dans le dos, sauf qu’aujourd’hui… Une chose était différente : la boucle de ceinture en métal. La bêtise était plus grosse alors la punition aussi. Je sentais mes flancs se déchirer sous ses coups et je ne pus retenir mes cris de douleurs au bout de quelques secondes. Alors que seuls mes cris et les pleurs de ma mère raisonnaient dans la pièce j’entendis au loin des pas d’adulte accourir vers la porte d’entrée. Je n'eus pas le temps d’entendre quoique ce soit d’autre que Barenkar était là, chez nous, la porte explosée sous son imposante musculature, son pantalon déchiré par endroits, il a dû défoncer la porte d’un seul coup de pied. Son regard changeât instantanément suite aux cris et son regard de feu se transforma en braise, d’un ton calme, mais froid, il dit :

Cognedur tu arrêtes immédiatement et tu t’éloignes d’elle. On ne frappe pas les femmes et encore moins les enfants… Tu es donc si déviant que ça ?

Mon père rit jaune devant la porte en bois de la maison qui était sous ses pieds en miette et se tourna vers lui :

N’interviens pas dans ma famille… Et rembourse-moi cette porte.

Mon père entreprit de me battre encore et leva son bras pour me fouetter, mais il poussa rapidement un cri de douleur. Barenkar avait son bras dans sa main musclée et avait au vu du bruit au moins fracturé son avant-bras. Il le regarda d’un air mauvais et un froid fût jeté dans la pièce, sous le regard de ma mère soulagée… Il la regarda :

Pardon du dérangement Yanah, peux-tu me donner ses affaires s’il te plait ? Elle va aller en convalescence chez moi si tu n’y vois pas d’inconvénients.

Son ton était glacial et calme et lorsque mon père tenta de s’interposer et de se rebeller, on entendit un “crac” supplémentaire sur ses os. Au bout de quelques minutes ma mère arriva avec un petit paquetage contenant sûrement mes affaires, elle vint m’enlacer tendrement, les larmes coulant sur ses joues en me mettant un manteau chaud sur mon dos meurtri. Elle me murmura :

-Pardon de ne pas avoir pu te protéger Valka… Mais tu peux faire confiance à ton oncle c’est un homme bien…Vas avec lui, on n'est pas loin, je viendrai te voir dès demain.

Le ton de maman semblait soulagé et mon père s’effondra de douleur à terre tandis que Barenkar me regarda toujours avec froideur :

-Viens. On s’en va.

Après tout je n’avais rien à perdre…Et il avait l’air vachement plus gentil que papa mon tonton.

On arriva chez lui, une petite maison rustique et primaire mais sympathique. Y’avait du bordel partout mais c’était plutôt amusant ! Il me dégagea pour ce soir son immense lit rempli de linge pas plié. J’obéis et alla dans son lit en grimaçant à cause de mes blessures. Il soupira et prit un ton plus doux :

-Désolé…J’suis pas doué pour soigner les gens… J’suis plutôt bon pour cogner moi.

Malgrè tout il alla chercher des chiffons propres je ne sais où trempés dans de l’eau chaude pour nettoyer les plaies. C’était douloureux mais je savais que c’était pour mon bien. Affalée sur le ventre, je finis par m’endormir dans ce grand lit, tandis que lui alla dans le vieux canapé défraîchi du salon.

Le lendemain maman vint comme promis et elle apporta des herbes médicinales fraîchement achetées pour soigner mes plaies. Elle ne cessa de s’excuser pour son incompétence en tant que mère et discuta longuement avec Barenkar de mon avenir. Il a été rapidement décidé que je serais mieux ici avec lui même si maman viendrait souvent me voir. Au plus j’étais loin de mon père, au mieux j’étais protégé.

Les habitudes ont la vie dure…Et les premiers mois aux côtés de tonton furent compliqués. Lui éternel célibataire qui ne se consacrait qu’à la recherche de matériaux rares, se retrouva avec une enfant de 10 ans sur les bras dont il ne connaissait quasiment rien et qui ne savait rien faire de ses 10 doigts. J’avais souvent peur quand il levait les bras, comme si ca me rappelais papa mais…Mes réflexes d’enfant apeurée diminuaient de semaines en semaines. Je m’occupais chaque jour de Qhirhi et grâce aux conseils avisés de tonton, il reprit vite du poil de la bête et commença à grandir. Lors de mon anniversaire cette année-là il me demanda ce que je souhaitais. J’avais peur de lui dire mais...Comme il était gentil avec moi il méritait de savoir.

-Je veux avoir pleins d’amis animaux  !

Il soupira et se passa la main sur le visage en rigolant.

-T’es ambitieuse Valka…T’sais que c’du boulot des animaux hein !

Je fis une petite moue puis il sourit avec bienveillance avant de découvrir un gâteau au chocolat qui avait l’air pas très appétissant.Je pus constater à son visage sceptique et inquiet que c’était sûrement lui qui l’avait fait. Je m’empressais donc de gouter ce gâteau qu’on avait fait en pensant à moi…J’avoue qu’il était assez fade en goût mais c’est peut-être le meilleur gâteau que j’ai mangé de toute ma vie ! J’étais gêné, mais les lèvres encore pleines de chocolat, je murmurais en le regardant :

-Merchi tonton...Il est bon ton gâteau…

Depuis ce jour-là… Barenkar devint mon Tonton Barenkar à moi !

Les années passèrent et il m’entraina à devenir artisane. Il faut dire qu'en 10 ans… Y en a eu des ratés, des bobos plus ou moins gros, des grèves à la forge et de la fatigue. Mais j’étais ravie d’apprendre tous les jours de nouvelles choses. Il me forma avec sérieux et m’apprit même à manier les grosses armes bien lourdes ! Il est génial mon Tonton ! Non seulement il m’avait éduquée, mais aussi il m’avait formé et renforcé afin que je puisse être une femme indépendante ! On avait beaucoup de commandes grâce à sa réputation, mais je commençais aussi doucement à me frayer mon premier chemin dans le monde de l’artisanat et du business. Ca commençait à devenir Florissant jusqu’au jour où nous avons du fuir de notre village natal pour survivre… Les 4 divisions envahirent le continent et peu à peu tout mourrait sur leur passage… Nous ne pouvions rester ainsi… Nous avons fui avec Maman et Papa même si Tonton a fait la tronche tout le long. Mais nous avons fini par arriver au dernier bastion de survivants : Trinity.

On va devoir recommencer notre travail tous les deux ici ! Et puis ça ne sera pas de trop avec tout ce qu’il va y avoir à faire didiouh !