[En validation][Métisse Orc-Humain] Burgred Garothag

Salut à tous, et bienvenue dans mon histoire, bordée de sang, de violence mais aussi d’amour! (Sauf si bien sûr, vous vous en foutez, allez voir ailleurs, je ne vous retiens pas!)
Je suis Burgred, alias Bubu pour les intimes (ne comptez pas y être d’aussi tôt), né d’un vaillant père Orc, Thovuld, et d’une mère Humaine, Agatha, grande mage de feu qu’il ne faut pas emmerder non plus. Cela aurait pu être une naissance traditionnelle, si le contexte le voulait. Mais cela aurait été bien trop simple!

Papounet est issu d’une tribu Orc, qui se base sur “l’esprit de l’Ours”, en plus bien entendu de vénérer Pa’agrio. Cette tribue s situe dans un campement au nord de Gludin, dans un coin de forêt à l'abri des regards.  Il y a une partie des Orcs de la tribu qui ne sont pas contre cotoyer les autres races, et.. il y a les autres. Et la majorité de la tribu fait partie des autres, pour le plus grand malheur de mes parents.
Ces deux-là se sont rencontrés en forêt, chacun faisant son petit chemin dans les lieux, jusqu’à se croiser. Ce clan n’était pas très bien vu par les habitations alentours, et méfiante, Mamounette a eu en premier réflexe de se mettre en posture défensive, Papounet prenant ça pour une envie de “duel”, et ils se sont bastonnés dans la joie et l’allégresse, jusqu’à se calmer et enfin discuter! Par chance, il ne fait pas partie de la catégorie des coincés du derrière, et ne chercha pas à envenimer la situation. Bien au contraire, le tempérament de feu de la mage en face de lui le titillait, et il tomba amoureux de ma mère, qui était loin d’être insensible au charme de ce guerrier Orc.

Ce fut une rencontre très romantique, mais il y avait un hic. La tribu est réservée aux orcs, et une partie ne voulait pas voir l’ombre d’une autre race vivre parmi eux, le chef en faisant parti. Les deux tourtereaux ont donc passé du temps ensemble ailleurs, hors de vue des autres orcs. Une complicité s’est installée très vite entre eux, et Papounet arrivait à garder le secret tant bien que mal, seulement au courant son frère, le chaman de la tribu, et son meilleur ami.
Mais les choses possibles à cacher ont des limites. Par exemple, l’arrivée d’un bébé (coucou c’est moi!) est le genre de nouvelles difficiles à garder de côté. Son frère lui a conseillé quand même d’en parler au chef pour éviter de faire traîner la situation et la rendre encore plus compliquée. Celui-ci se serait mis dans une belle colère, le traitant de tous les noms et en venant presque aux mains, le chaman ayant calmé la situation.
"T’as intérêt à régler cette situation au plus vite Thovuld, sinon je m’en chargerai moi-même, par Pa’agrio!" lui aurait gueulé le chef avant d’en finir avec la discussion. Une belle crise d’autorité.

Papounet fut tiraillé par la situation, mais en avait tout autant marre de voir la tribu enfermée dans un conservatisme dépassé. Il a décidé de prendre des risques et de cacher à son chef la vérité, tout en étant le plus discret possible. Les mois sont passés, à jouer une double vie avec l’aide de son frère et de son meilleur ami, en allant très rarement voir sa compagne en secret. Il se fit aussi petit pendant cette durée, n’abordant jamais le sujet en public dans la tribu.

Le jour de la naissance, il prétexta une raison bidon pour pouvoir s’absenter hors de la tribu plus d’un jour, toujours appuyé par son frère, le chaman étant une figure importante de la tribu, et en profitant. Il a pu donc profiter de cette journée bénie pour eux malgré la situation, accueillant avec amour le nouveau-né (Toujours moi!).
Sauf qu’il n’avait pas prédit que son chef continuait à se méfier de lui depuis qu’il a connaissance de sa liaison avec une humaine. En revenant au campement, il croisa son frère, paniqué, l’informant que le chef avait envoyé quelqu’un le suivre, et aurait tout découvert. Il avait pris les devants, et lui donna de l’équipement, une arme supplémentaire et quelques fournitures chamaniques orcs, le meilleur pour Papounet étant d’éviter absolument de revenir au village pour le moment.

Il déménagea avec sa compagne aux abords de la cité de Ye Segira, près de la barrière Reya, comme le chef savait où ils habitaient lors de ma naissance. Ils ont du prendre le bateau pour rejoindre l'île, espérant laisser derrière eux leurs problèmes. Et au final, il ne regretta pas ce choix, même si ses racines lui manquaient fortement ainsi que les autres de sa tribu. Sa nouvelle famille, qu’il a choisie, est devenue plus importante que la famille qu’il a subi. Nous avons vécu beaucoup d’années dans ce nouveau foyer, sans vraiment se mélanger à la population, de crainte d’être guettés et retrouvés par la tribu. Mais nous avions quand même parfois des visites de mon oncle ainsi que du meilleur ami de Papounet!

Mamounette s’occupait essentiellement de mon éducation globale, que ça soit l’apprentissage de la langue commune, de tout ce que les enfants doivent apprendre à leur plus jeune âge, et Papounet l’assista en inculquant la langue orc ainsi que l’enseignement Orc comme dans la tribu, les histoires, les légendes, et la vénération de Pa’agrio.
Assez jeune, il me donna ma première arme, une petite épée en bois avec laquelle je pouvais taper sur des sortes de mannequins! Ma mère n’était pas forcément d’accord sur le fait de l’apprendre aussi jeune, mais il jugeait qu’il fallait me préparer le plus tôt possible à me défendre si nécessaire. Il est loin d’être naïf, il savait que la tribu était comme un fardeau au-dessus d’eux qui pouvait frapper n’importe quand. Parfois il regrettait un peu, car j’avais déjà un foutu caractère de cochon, et je m’amusais à attaquer les petits animaux aux alentours au lieu du mannequin!  

Les entraînements et l’éducation de base se sont enchaînés, et quelques années plus tard, j’ai eu l’occasion d’essayer plusieurs armes pour voir ce qui me convenait le mieux. Il se trouve que j’en ai eu deux tout particulièrement où j’avais plus de maniement naturel que les autres: l’espadon ainsi que la lance. Il continua à m'entraîner, de plus en plus sérieusement, comme si ma vie en dépendait… ce qui n’était pas entièrement faux.
Mais ma mère jugeait que dans mon cas, les armes physiques pouvaient très bien être associées à un enseignement plus magique. C’est pourquoi elle m’enseigna les bases de la magie, et quand tonton chaman venait à la maison, il m’apprit de son côté les rudiments du chamanisme, la spiritualité, les prières envers Pa’agrio. J’ai pu connaître grâce à lui quelques sorts Orcs, la classe!

Malgré toute cette petite routine qui s'installe, plus je vieillissais, plus je m'interrogeais. Pourquoi nous ne rencontrions pas souvent d’autres personnes, pourquoi toute l’attention se portait sur moi, pourquoi vouloir à tout prix m’entraîner aussi dur depuis que je suis gamin? Et surtout, pourquoi ne pas aller à la fameuse tribu dont ils me racontaient tout?

A force de questions, vers mes seize ans, ils se sont résignés à m’apporter des réponses. Leur histoires avec la tribu, le rejet des non orcs, le fait que ma naissance fut très mal vue, et surtout… les chances qu’ils veuillent me buter si je venais là bas. Mon existence seule fout la merde à plusieurs vies, et j’avoue que ça m’a foutu un coup sur le moment. Ils tentaient tant bien que mal de m’offrir une existence qui ait du sens, je gardais depuis une sorte d’amertume au fond de moi…
Depuis ce moment, je voulais donner un autre sens à ma vie qu’être dans une sorte de geôle protectrice offerte par mes parents, je voulais être utile. On m’a donc laissé explorer la cité, au début accompagné par Mamounette pour me montrer un peu tous les endroits ayant un intérêt, m’expliquer les différents quartiers, mais ils ne me laissaient cependant pas chercher un boulot pour autant, trouvant que j’étais encore trop jeune. Je continuais donc les entraînements intensifs dans l’épée et la lance, avec toujours un peu de chamanisme en parallèle avec tonton. Celui-ci m’offrit même l’opportunité d’avoir un signe de la tribu sur moi, des tatouages tribaux sur le bras droit ainsi que le pectoral droit, une tête d’ours dans le même style. J’étais si fier d’avoir sur moi un signe de la tribu dont j’ai l’origine! Même si celle-ci me rejetait en grande partie.

Enfin, après mes 18 ans, on me laissait enfin plus autonome, avec en plus une belle armure lourde que Papounet m’a offert pour mon anniversaire! Au moins, entre ça et mon arme, on ne me faisait pas trop chier dans la rue! J’allais de temps en temps dans diverses tavernes et autres lieux où on pouvait glaner des informations sur de potentiels petits boulots.
Mais il semblerait qu’il n’y avait pas que cela sur mon chemin! Dans un lieu bien réputé pour sa cuisine, en voulant me frayer un chemin vers une table, j’ai malencontreusement bousculé un homme qui se trouvait être un cuisinier! Très gêné, je l’ai aidé à se relever, et en le regardant dans les yeux, je ne sais pas ce que j’avais, mais je me suis mis à rougir et bégayer, mon cœur battant plus fort! C’était la première fois que j’avais cette sensation! Sans trop réfléchir, je l’ai invité à dîner le soir même, en offrant bien sûr le repas, et depuis, on ne s’est jamais séparé, et j’aurai compris assez vite la signification et les émotions de ce premier regard!

Nous vivions une vie idyllique, même sans vivre sous le même toit, car il avait des soucis familiaux à gérer quotidiennement, mais cela n’empêchait pas d’arriver à se voir le plus souvent possible! Et je n’allais plus qu’à une adresse pour me remplir le bide! J’avais d’ailleurs réussi à dégoter pas loin de son lieu de travail un petit boulot d’entraîneur en tant qu’aide externe à une arène qui n'affichait pas une grande prétention. Cela ne payait pas forcément beaucoup, mais cela me permettait de me faire un nom dans le milieu, et être proche de mon amour! Et je rapportais des clients pour sa cuisine! (Je n’ai même pas touché une commission, quel ingrat, son patron!) Une nouvelle vie telle un phoenix venant des flammes de Pa’agrio.

Après quelque temps, mon chéri me parla d’une nouvelle opportunité qu’il avait en plus de la cuisine, me racontant une histoire de combats pour une belle somme d’argent. Je n’adhérais pas forcément à le voir aller combattre, mais je comprenais sa motivation, je le laissai donc gérer, lui promettant de ne pas en parler ailleurs. Je ronchonnais en le voyant revenir avec des blessures, mais je laissais couler, lui faisant totalement confiance sur sa gestion de la situation et je le chouchoutais encore plus dans ces cas là! Il ne me racontait pas de détails sur ce “boulot d’appoint”.

La situation commençait à peser avec ce boulot qui était censé apporter du confort pour sa situation. Je lui faisais part de plus en plus de mon mécontentement de le voir revenir régulièrement couvert de blessures, et du fait que je m’inquiétais à chaque fois de ce qui pouvait lui arriver. Il m’a promis d’effectuer ce boulot une dernière fois, me disant qu’il avait informé son patron.
Pour fêter ça, j’avais sorti le grand jeu! Repas romantique (et oui, on peut être un gros bourrin et mignon en même temps!), avec des fleurs, et plats de chez le traîteur! Puis je l’attendais. Encore et encore. L’impatience se transforma en inquiétude, sauf que… je ne savais même pas où il se trouvait.
Ne sachant pas trop comment réagir, je suis allé faire un tour dehors, j’ai fouillé la cité, en vain. Vu l’heure de toute façon, autant passer toute la nuit à faire celà, je n’aurais pas réussi à m’endormir… Je le sentai mal, putain…
Au petit matin, après avoir retrouvé un peu mes esprits et en essayant d’être optimiste, je suis allé voir sa sœur, qui je pense, devrait être au courant. Mais pareil, aucune nouvelle, il n’était pas avec sa famille… J’ai tenté de ne rien paraître, mais je pense qu’elle a su à mon regard et mon comportement qu’il devait se passer quelque chose.

Les jours se suivirent, et je cherchai la moindre piste possible. Mon cœur fut vide sans sa présence à mes côtés, et je me sentais coupable de l’avoir laissé faire. Mais tant qu’il y a un espoir, je remuerai ciel et terre pour le retrouver. Sachant que celà avait un lien avec des combats, j’ai tenté d’avoir des informations sur des lieux pouvant en accueillir en ville auprès de mes élèves ou anciens élèves. On m’a donné quelques endroits, plus ou moins “convenables”.
J’ai donc commencé à scruter autour de chacun de ses bâtiments, cherchant des informations, en décrivant son visage et sa corpulence, espérant trouver quelqu’un l’ayant vu récemment. Et un petit miracle se produisit, j’ai trouvé quelqu’un l’ayant déjà croisé plusieurs fois, étant un habitué des lieux! Il m’a raconté l’avoir vu passer dans l’endroit en question le soir de sa disparition, mais qu’il ne l’a pas vu en sortir. Il m’a fait un avertissement assez étrange, que je ne devrais pas fourrer mon nez trop loin dans les affaires de ce qui se trouve dedans. Je n’avais strictement aucune certitudes… Est-ce qu’il est toujours là? Est-il toujours… non, il l’est toujours, ne soit pas défaitiste idiot! Si je voulais en apprendre davantage, il me fallait un plan!

J’ai usé encore une fois du carnet de contacts de mes élèves, un d’entre eux se trouvant participer à des combats dans ce lieu. Après pas mal de questions, et de tests en tout genre, j’ai réussi à être embauché en tant que maître d’armes! Le poste idéal pour laisser traîner une oreille et un œil sans se mettre en danger.
Au début, je suis resté dans mon rôle sans trop moufter, et je voyais les combattants en herbe défiler, et parfois ne jamais en revenir. Je comprends mieux les avertissements, et la réticence de mon amour à ne pas en parler. J’aurais été encore plus contre! Il y avait beaucoup de bruits de couloir, mais pour les débuts, je ne me suis pas risqué à aller farfouiller dans le bâtiment, surtout qu’on m’empêchait d’office certaines parties. Je pense qu’ils sont très méfiants envers les petits nouveaux.  

De temps en temps, mon patron me transmettait des propositions de duels, mais je ne participais jamais à ces conneries. Je n’étais pas là pour ça. Enfin, jamais… sauf une fois. Quand j’ai entendu son nom, je savais immédiatement ce dont il était question. Oggrub, un guerrier de la tribu de mon papounet. Bordel de merde, ce con savait où j’étais! Je me demande encore depuis combien de temps la tribu me fait suivre, et surtout, que savent-ils… Mon sang n’a fait qu’un tour, et j’ai accepté ce duel à mort! Papounet m’a énormément entraîné durant toutes ces années, il fallait que je prouve que je n’étais pas un sous Orc même si je n’en étais un qu’à moitié! J’ai aussi joué sur cette histoire pour tenter d’avoir plus d’avantages et de confiance de son patron, jouant à son jeu et misant sur le “spectacle”. Peut-être que j’en saurai plus sur ce qu’il s’est passé ce soir-là.

Le grand jour… Mon coeur battait fort et le stress arrivait. Je n’avais jamais combattu réellement un gars de la tribu pour de vrai, même si je connais des forces et faiblesses de la plupart d’entre eux, ce qui est un avantage vu que ce n’est pas le cas de leur côté. De toute façon, ils doivent me sous-estimer, vu que je suis une sous merde pour eux! C’est le bon moment pour lui botter son gros derrière d’Orc complet et montrer que je suis tout autant un guerrier de la tribu aussi!
Un peu avant le combat, le patron m’a fait une proposition étrange. Il me proposait de faciliter le combat si je le souhaitais, grâce à … du sang, sans m'en dire plus, mais en me vantant des soi disant vertus. Je l’ai regardé, perplexe, lui disant que ce combat n’aurait aucun intérêt s’il faisait celà, même si c’était entre nous très tentant! Ils sont quand même bizarres dans cette arène...

Entrée dans l'arène. Les yeux dirigés vers moi et mon adversaire, Oggrub qui n’est d’autre que le neveu du chef, un bon gros débile il paraît.
“Hé, sale bâtard! C’est donc toi qui ternit le clan avec ton apparence d’humain répugnant! T’es indigne de notre tribu, je vais régler ton compte, le chef sera fier ahahahaha!”, avec son regard plein de haine, crachant vers moi.
“Pour cela, il faudrait déjà que tu puisses retourner le voir! Et je t’assure qu’après avoir mis ma lame dans ton énorme cul, ça risque d’être compliqué mon gros!”
Les spectateurs semblaient déchaînés, impatients de voir deux bourrins se foutre sur la gueule. Je tentai tant bien que mal de m’imposer, il était hors de question que je me soumette à lui et sa supériorité. Chose étonnante, je me sentais bien plus en forme d’un coup, je ne sais pas si c’était l’adrénaline du combat, probablement!

Je fis une prière à Pa’agrio, continuant à penser fort à mon amour, lui dédiant ce combat. Oggrub s’impatientait, et il commença à me charger, utilisant une grosse masse. Le temps qu’il arrive à moi, je pris une grande respiration pour garder mon calme et mon esprit, et je fis une esquive pour contre attaquer et profiter de sa lenteur dans les coups. Finalement, ma taille fut aussi un avantage! Sauf qu’il était bien plus nerveux que j’imaginais. Ce moment me paraissait une éternité, et les passes s'enchaînèrent, avec les cris du public en fond sonore.
Il était temps d’utiliser ma botte secrète, celle dont il ne doit absolument pas se douter. Je me mis à utiliser de la magie orc, basique mais suffisante pour cette situation. Grâce à elle, j’ai pu ralentir ses mouvements légèrement, me laissant beaucoup plus d'opportunités, et j’ai même réussi à le rendre confus quelques secondes. L’occasion était trop belle! J’ai foutu un gros coup dans son arme et sa main pour qu’il la lâche, puis je lui ai enfoncé ma lame dans le torse, créant un silence soudain dans toute l’arène. Il ne restait que nos respirations chaotiques.

“Je m’appelle Burgred Garothag, fils de Thovuld, guerrier de la tribu de l’Ours. Je montre avec ce combat que je ne suis pas une sous merde malgré ma moitié humaine. Que Pa’agrio en soit témoin, et qu’il pardonne ton arrogance et ta haine envers ceux qui ne sont pas comme toi.” , le disant en gardant l’épée dans son torse, sentant doucement sa vie s’éteindre. Puis j’ai retiré très lentement ma lame, le voyant tomber au sol lourdement.
“Sale petit con…” furent ses derniers mots. Puis après le silence, vint les applaudissements du public, ce combat n’étant qu’un simple divertissement pour eux, criant mon nom. J’étais loin d’être dans la même joie, ce combat était loin d’être pour le plaisir, et j’étais toujours en quête de l’amour de ma vie. Je vis une silhouette passer au loin avec le public, s’arrêtant un instant pour me fixer. Un autre orc, me lançant un regard noir avant de partir. On dirait que la tribu va être au courant de ce qu’il vient de se passer, mais je m’en fous totalement. Bien au contraire, qu’ils sachent qu’un orc s’est fait battre en duel par un semi orc! Et je les prendrais tous un par un s’il le faut.

Encore couvert du sang de mon adversaire, le souffle encore rapide, je suis allé voir le patron, lui demandant s’il était satisfait. Ce qu’il était, et sa récompense fut de me faire entraîner des poulains plus prometteurs que les résidus dont il avait auparavant la charge. Et concernant ma moitié, il m’a dit qu’il verrait ce qu’il peut faire pour avoir des informations, que cette personne ne dépendait pas de lui mais d’une autre section de l’arène. Enfin, je sentais bien qu’il se foutait de ma gueule, mais je ne pouvais rien dire pour le moment. J’attendais donc un certain temps, faisant mon boulot de maître d’armes, attendant de pouvoir éclaircir toute cette histoire. Je ne pensais qu’à lui chaque jour, à le sentir à nouveau contre moi… Chaque jour sans lui me donnait encore plus de rage, avec toujours la boule au ventre de le découvrir mort.

Un malheur n’arrivant que rarement seul, en allant rendre visite à mes parents comme je fais régulièrement, je suis tombé sur une scène d’horreur… Je vis du sang sortir de la porte d’entrée de la maison, et la main tremblante, l’ouvrant doucement, la vision de Mamounette, plantée par une grosse épée sur la porte, et un mot sur le manche. J’étais comme paralysé devant la scène, pleurant en tremblotant, et lâchant un hurlement qui perça les alentours tellement il fut puissant. J’ai tout d’abord lu le message encore sous le choc.


Un message du chef en personne. Papounet n’était pas à la maison, j’étais seul comme un con devant ma mère morte, et je ne savais plus quoi faire. J’avais l’impression de perdre pied, de finir seul… Je me raccrochais encore plus aux pensées sur ma moitié, la seule chose qui arrivait à me faire encore tenir debout.
Après avoir passé un certain temps à reprendre mes esprits, j’ai pris dans mes bras le corps sans vie, la rage remplaçant tout doucement la tristesse, puis je suis allé l’enterrer par moi même, pas loin de la maison, dans un endroit tranquille et sublime. Je suis resté à la maison, espérant que Papounet y passe, mais rien. J’ai peur qu’il ait fait une connerie. Je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que je n’apporte que le malheur où je passe, que je n’aurais pas dû naître comme le pensent certains de la tribu.

Après cela, je suis retourné au boulot, la rage et l’impatience au ventre, visible dans les entraînements que j’ai donnés, beaucoup plus rudes. Certains s’en plaignaient et je m’en foutais. Le patron aussi. Après quelques semaines à enquêter de mon côté sans succès, et attendre qu’il se décide à lui fournir des informations, je décidai d’aller dans son bureau avant de finir la soirée de boulot pour lui forcer la main, bien moins patient qu’avant. Il continua à me refourguer le même baratin que d’habitude. Mais j’en ai eu marre.
Ayant bien pris la peine avant de voir qu’il y ait personne près de l’entrée du bureau, je suis venu face à lui avec un air menaçant, lui demandant plus sèchement de m’en dire plus. Il ria en me voyant faire.

“Tu crois que tu me fais peur mon petit? On en mate des plus coriaces que toi! Je n’ai pas cherché à en savoir plus car je n’ai pas de comptes à te rendre. Il est temps que tu t’aperçoives que je suis ton patron et toi le grouillot à mon service, donc t’as rien à me demander!”

Enervé, je lui fis un sourire de facade, puis je suis venu prendre sa tête dans ma main et rapidement venu cogner la tête contre le mur sans ménagement, lui faisant pisser le sang, sans trop l’étourdir pour qu’il puisse parler.

“Petit con, tu viens de te cramer ta place dans notre arène pour toujours! Tu te prends pour qui bordel?”

Mettant la main à son cou pour le serrer, je lui gueulais dessus pour qu’il crache le morceau.

“Mon pauvre, tu crois que tu pourras savoir certaines choses ici? Je ne sais pas qui c’est pour toi ce gars, mais si j’étais toi, j’arrêterais d’aller foutre mon nez partout. La seule chose que je sais, c’est que tu ne le reverras jamais!”

“Arrête de me prendre pour un con, tu aimes me raconter des mensonges, et je suis sûr que t’en sais bien plus que tu veux me faire croire, donc putain, crache le morceau, sinon tu vas ne faire qu’un avec ce mur!”, continuant à serrer doucement la main sur son cou, le regard plein de rage.

“Je t’en ai déjà trop dit, donc relâche moi et j’arrangerai les choses, mais il va falloir que tu bosses bien plus pour rattraper le coup, et bien sûr, cela sera déduit de ton salaire pour quelques mois!”, me lança t’il avec un sourire satisfait, la tête à moitié ensanglantée.

“Tu ne m'es plus d’aucune utilité “patron”, tu peux rêver que je sois ton esclave.”, les dents serrées, je recommençais à lui frapper la tête contre le mur, relâchant ma colère contre lui, ouvrant un trou dans le mur. Essoufflé, avec du sang ayant giclé sur moi, je l’ai laissé la tête encastrée dans le mur, ne sachant pas s’il est juste inconscient ou s’il a succombé, et je repris ma respiration, paniqué en mon fort intérieur. Je sortis du bureau, et je tentai de quitter l’arène en évitant le plus de monde possible. Quelqu’un m’a demandé ce qui m’était arrivé, j’ai dit que j’ai eu un entraînement un peu musclé, riant comme un bourrin pour paraître moins louche. Par miracle, j’étais arrivé à sortir sans encombre, mais combien de temps serais-je tranquille?

Je me faisais petit, je vivais dans l’ombre, ne sachant plus quoi faire. Je m’étais grillé et je n’étais pas plus avancé sur ce qu’est devenue ma moitié. J’étais là, impuissant, avec ma peine et ma rage, à essayer de ne pas perdre la raison avec tous les derniers évènements. Tout a tourné au drame si vite… Et c’était loin d’être fini.
Quelques jours après l’altercation, j’ai été rattrapé par des gardes. Mais ce n’était pas pour la raison que j’imaginais. Ces connards ont inventé un délit que je n’avais pas fait, comme quoi j’aurais vendu de la drogue dans des ruelles la nuit. A mon jugement, ils ont balancé qu’ils en avaient retrouvé dans la chambre louée par l’arène, ce qui était bien sûr faux. Mais j’étais seul, avec aucun moyen pour me défendre, leur parole contre la mienne. Cela ne m’étonnerait pas que certains responsables de l’arène aient les bonnes grâces des juges, vu leurs activités.

J’ai fini donc en geôle, pour deux ans, pour un délit que je n’ai même pas commis. Ils auront réussi leur vengeance, sans même avoir à se mouiller sur leurs activités. Ils sont vraiment très forts. Deux ans où je tournais en rond, je tapais contre les murs de ma geôle en laissant sortir ma colère. Mon cœur continuait à se liquéfier tout doucement, mais peu importe les drames et les barrages sur ma route, je pensais à l’amour de ma vie, le seul réconfort encore dans mon existence. Personne n’osait m’approcher, jetant un regard noir à la moindre personne voulant entrer en contact avec moi, un peu comme une bête en cage. J’étais prêt à réserver le même sort qu’à l’autre connard de “patron” à celui qui venait me parler ou me fixer un peu trop longtemps, comme si j’avais perdu tout savoir vivre, voir humanité. Je m’en foutais de tout, des autres prisonniers comme des gardes. J’ai dû faire deux ans quasiment de mutisme, mis à part pour marmonner des prières destinées à ma moitié et sa famille, ainsi qu’à mes parents

Les deux ans passèrent, avec la sensation qu’elles en ont fait le triple, m’offrant des cheveux longs et une belle barbe, et on m’a libéré comme prévu. Mais pour faire quoi? Je n’avais plus rien, je ne savais plus quoi faire, et j’étais sur liste noire de l’arène. Le cœur dans les ténèbres et le feu de la rage.
Je suis donc revenu dans le seul lieu où je pouvais me loger hors de tout, la maison de mes parents. Toujours les traces du meurtre de ma mère, et aucune trace de mon père. Je crois que je vais rester quelque temps en ermite ici, méditer, continuer à m’entraîner aux armes, et décider de ce que j’allais faire de ma vie. Je vais mettre de côté la magie pour le moment, je préfère me concentrer sur les armes pour pouvoir continuer à entraîner quelques gars dans la cité pour me faire un peu d'argent.  Et bien sûr prier Pa’agrio pour que ma moitié soit encore en vie.